Les fresques de la tombe de Nefertari : annexe Est

Quelques repères dans le temps

A l’époque égyptienne

-1295 : Naissance de Nefertari, qui à 14 ans épouse Ramses II. Elle décède en -1255De -3150 à -30, trente dynasties se sont succédées.
-2680 : La pyramide à degrés de Djéser (la première pyramide entièrement bâtie en pierre taillée), III ème dynastie.
-2650 : La pyramide de Khéops (la plus célèbre, la plus massive, la plus parfaite et la plus haute, 146 m), IVème dynastie.
-1370 à -1333 Nefertiti épouse d’Akhenaton, dixième pharaon de la XVIII ème dynastie. Le célèbre buste de cette reine est exposé au Neues Museum de Berlin.
-1345 à -1327 : Toutankhamon, XVIIIème dynastie, fils d’Akhenaton
-1297 : Naissance de Ramses II. A 14 ans, il devient le troisième pharaon de la XIXème dynastie. Après 67 ans de règne, il décède en -1212.

La chronologie de l’Egypte ancienne est le résultat du travail des archéologues. Ceux-ci s’appuient principalement par l’étude des durées des règnes des pharaons et le recoupement d’informations. La science apporte aussi des précisions et notamment avec la datation au carbone14. La chronologie se précise donc au fur et à mesure des recherches. Il est donc logique que ces dates soient parfois différentes de quelques années en fonction des documentations

A notre époque :

1822 : le 27 septembre, Jean-François Champollion, est le premier à comprendre les hiéroglyphes. Dans un courrier, il écrit : « C’est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque dans un même mot. »

1904 : découverte de la tombe de Nefertari par Ernesto Schiaparelli, directeur du Musée Egyptien de Turin.

1922 : le 4 novembre, Howard Carter découvre les premières marches de la tombe de Toutankhamon. Le 29 de ce même mois, il rentre pour la première fois dans ce lieu intacte.

2010: Zahi Hawass, le secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, fait passer une loi qui supprime les quotas de prélèvements des missions étrangères.

2011 : le 23 juin décède Christiane Desroches Noblecourt, née en 1913. Elle avait sauvé des eaux du barrage d’Assouan les temples de Ramses II et de Nefertari à Abou Simbel.

Qui est Nefertari ?

Elle est née en 1295 avant JC.

On ne connaît pas bien les origines de Nefertari. Un fragment de poignée de coffret en émail bleu au nom d’AÏ (ou AY, de la XVIIIème dynastie) découvert dans sa tombe, est-il un indice ?

A 14 ans, elle épouse Ramses II. Il est alors âgé de 16 ans et est en cogérance avec Sethi 1erson père. On est alors dans la XIXème dynastie.

Elle est l’une des huit épouses principales du pharaon qui en compta bien d’autres. Avec Isit-Nofret,elle occupa une place majeure dans la vie du souverain. Elle est influente et sait conseiller son mari.

Ses titres

Elle a le titre de Grande Epouse Royale et porte de nombreux autres titres, dont :

« Belle de Visage »

« Maîtresse de la Haute Egypte »,

« Dame de charme »,

« Douce d’Amour »,

« Riche de Louanges »,

Ses enfants

Elle donne naissance à quatre fils :

  • Amon-her-Khopekhef,
  • Pra-her-Oumenef,
  • Mérira
  • Mériatoum

et deux filles qui seront par la suite épouses de Ramses II et reines :

Nébet-Tahoui.

Méritamon

Un amour éternel

Elle décède en 1255 avant JC, lors de la 25ième année du règne du pharaon. Elle ne verra pas le temple d’Abou Simbel achevé.

Ramses II qui l’aimait écrit dans un poème :

« Mon amour est unique, et personne ne peut rivaliser avec elle. En mourant, elle a volé mon cœur. »

La découverte de la tombe

Qui a découvert la tombe ?

Ernesto Schiaparelli a découvert la tombe en 1904, lors de sa deuxième campagne de fouilles. C’est en voyant un linteau, et une peinture représentant Isis et Nephtys ainsi que deux cartouches de Nefertari qu’il prend conscience de son immense découverte.

Qu’a découvert Ernesto Schiaparelli ?

L’entrée n’était plus bouchée par un mur. Des pilleurs, y étaient déjà entrés et avaient déjà volé le contenu de la tombe. Le déclin politique et économique à la fin de la XIXème dynastie a généré un pillage à grande échelle. Les trésors enfermés dans les tombes de la dynastie ramesside ont-ils favorisé les appétits ?

Ernesto SCHIAPARELLI a découvert un escalier de 18 marches enseveli par la maçonnerie effondrée et des pierres jusqu’au plafond.

Il est entré dans la première pièce, dite l’antichambre, d’environ 5m par 5m. Cette pièce dessert deux parties.

La chambre du sarcophage avec ses quatre piliers qui comporte elle-même les deux chambres latérales ainsi que la salle de la demeure d’Osiris. On y accède par un escalier.

Le vestibule et l’Annexe Est qui se trouve de même niveau (cette dernière est reproduite en mosaïque).

Qu’y avait-il dans la tombe ?

Dans la tombe, aucun trésor, mais (selon Osirisnet.net) :

  • Une paire de sandales en corde, certainement celle des pillards.
    Des scarabées
    Des fragments du couvercle du sarcophage en granit
    Des fragments d’un couvercle de cercueil en bois doré.
    Un fragment de bracelet
    Une trentaine de petites statuettes appelées Chaouabtis (ou Oushebtis, ces serviteurs funéraires qui devaient remplacer le défunt s’il était désigné pour une corvée dans l’au-delà)
    Le couvercle d’une boîte contenant ces Chaouabtis.
    De nombreux tessons de poterie.
    Un pilier Djed en bois avec incrustation de pâte de verre. Il est inscrit au nom de la reine Nefertari. 
    Le fragment de bouton de coffre, ou de pommeau, portant le nom d’Ay.
    Les restes des deux genoux de Nefertari avec leurs lambeaux d’étoffe provenant de la momification.
    Un fragment d’or appartenant à un bracelet, trouvé par le Getty Conservation Institute of America dans une des annexes.

Et toujours selon Osirisnet.net :

« Quelques pièces du mobilier funéraire de la reine sont apparues sur le marché des antiquités de Louxor en 1904. Ils ont été rachetés par le musée de Boston. Il y avait là une grande plaque d’argent, une petite plaquette d’or emboutie, un pendentif en bronze, et quatre serviteurs funéraires ».

Est-ce la plus belle tombe ? Nefertari, Grande Epouse Royale, épouse préférée du plus grand pharaon de toute l’histoire de l’Egypte, a forcément reçu une tombe d’exception. Les peintures témoignent d’un art abouti, réalisé par des artisans experts. Ceux-ci devaient être suffisamment organisés. Le talent n’était pas l’affaire de quelques égyptiens, mais une qualité partagée par des équipes. Inévitablement, ils devaient se former entre eux pour maintenir ce niveau d’excellence. Toutes les fresques sont parfaitement composées et peintes. De plus, par son état de conservation, c’est de toutes les tombes découvertes, la plus resplendissante

Dans quel état était la tombe ?

La tombe est creusée dans du calcaire de mauvaise qualité. Les artisans de Deir el Medineh qui l’ont creusée ont passé plusieurs couches de plâtre à certains endroits pour pallier l’état de la roche sédimentaire.

Elle a souffert des infiltrations d’eau dues au calcaire friable, des éboulements, et des décollements des fresques. Cependant, il n’y a pas de trace d’incendie, ni de récupération des lieux, ni de sculpture de d’autres époques et ni d’occupation. La tombe, a certainement été (rapidement) ensevelie, et rendue inaccessible naturellement jusqu’à l’arrivée d’Ernesto Schiaparelli.

Intervention du Getty Conservation Institute of America

Par bonheur, l’intervention du Getty Conservation Institute of America à partir de 1986 a stoppé le processus de dégradation. Il y a eu une longue et minutieuse analyse des pigments. Les interventions ont été faites dans le respect de l’œuvre. Un vrai travail de dentiste à l’échelle d’une tombe ! Depuis 1992, ce lieu a retrouvé une partie de sa splendeur. La tombe est aujourd’hui fermée aux visiteurs. C’est forcément une mesure courageuse et responsable des autorités égyptiennes.

Elle est aujourd’hui dans un très bon état. Une personne qui l’a visité avant sa fermeture au public, ma témoigné de la très grande qualité des fresques.